Hetaíra

Des ateliers en collaboration avec l’amical du nid. 

Hetaira c’est un projet qui a pour but de proposer des moments de rencontres, d’échange et de temps de parole avec un groupe de prostituées majeures et mineurs sur la ville de Marseille. Ces espaces d’expression et de création visent à donner une visibilité à leurs récits et leurs histoires, en s’appuyant sur deux grandes phases : la première est dédiée à la rencontre et à la construction de liens; puis la seconde, centrée sur la médiation et des ateliers créatifs adaptés à nos compétences. Des disciplines telles que le théâtre, l’écriture, la danse et la mise en corps seront proposées lors de cette deuxième phase, permettant d’introduire progressivement un processus de création.

Ce projet s’inscrit dans un contexte où les droits des femmes restent fragiles, et où les violences et inégalités qu’elles subissent persistent. Certaines sont confrontées à une double, voire une triple marginalisation : les femmes transgenres, les femmes noires, les femmes immigrées, les femmes musulmanes… Dans ce paysage, les femmes en situation de précarité, notamment celles qui utilisent leur corps pour vivre ou survivre, occupent une place centrale. Parmi les groupes les plus marginalisés, les prostituées sont depuis longtemps la cible de jugements, d’insultes et de violences. Ces attaques, qu’elles s’adressent directement à elles ou servent à dénigrer d’autres, trouvent toujours leur origine dans la figure de la femme prostituée.

Le projet vise à renverser l’invisibilisation en créant des espaces d’expression et de création à Marseille. Ces espaces offrent non seulement une opportunité de faire entendre leurs histoires, mais aussi de leur redonner une visibilité, une dignité longtemps niées et de potentiellement sensibiliser un public sur le sujet des VHSS. De ce fait, chaque atelier crée un espace où les participantes peuvent s’exprimer librement, mais aussi se réapproprier leur histoire et leur expérience. Le théâtre pourrait permettre de mettre en lumière des récits personnels en les transformant en performances collectives. À travers des scènes jouées, les participantes peuvent se confronter à leur vécu, et ainsi faire émerger des témoignages qui, autrement, seraient restés dans l’ombre. La danse, en tant qu’expression corporelle, est un moyen unique de libérer la parole. Le mouvement peut exprimer des émotions, permet de dépasser la parole rationnelle pour toucher au ressenti intime, souvent lié au corps, et d’exprimer des vécus de manière non verbale. Il y a également l’écriture qui structure la mémoire et les émotions pour mieux les comprendre. Cela offre un espace intime pour raconter et reconstituer son histoire. Les histoires individuelles deviennent donc des récits collectifs, ce qui renforce le sentiment de solidarité. En publiant ou en partageant ces récits, nous donnons une voix à des personnes souvent réduites au silence en permettant d’éveiller la conscience des autres et de donner une visibilité à ces femmes qui dépasse les préjugés et les stéréotypes.

 

Karl Magnuson, trois femmes